Le premier parc national orienté safari de notre périple était le KTP, Kgalagadi Transfrontier Park, qui s’étend entre l’Afrique du Sud et le Botswana, sur une surface de 28 400 kilomètres carrés. C’est l’un des plus grands parcs du continent, renommé pour son côté aride et sauvage.

Nous avons quitté le Kalahari Farm Stall pour être à l’ouverture du poste frontière à 8h. On y a passé plus de temps que prévu et on a même pensé qu’on ne sortirait pas de Namibie. Nos tampons d’entrée avaient une date différente, et le visa de Eff expirait 3 jours après notre arrivée. L’agent d’immigration était tout sauf impressionnée, et il a fallu lui montrer les billets d’avions, et lui expliquer que les erreurs venaient de ses collègues à Windhoek. Eff s’en est sorti avec une bonne réprimande car c’était à priori son devoir de vérifier les tampons. Ne pas faire confiance aux agents d’immigration, bon conseil, on le saura pour la prochaine fois! Passeports tamponnés en poche, nous avons eu la bonne surprise de voir une famille de suricates juste à côté du bâtiment. Ça commençait au top!! C’était tout en haut de ma liste d’animaux à voir. Ils sont vraiment excellents, bien droits sur leurs pattes arrières pour surveiller les environs, et pas peureux pour un sou. Nous avons pris quelques photos et sommes passés en Afrique du Sud, dans le camp Mata-Mata. Ici, il n’y a pas de formalités d’immigration, il faut seulement s’enregistrer à la réception, payer les droits d’entrée, et on nous fournit un permis qui nous suit pendant tout le séjour dans le parc. Notre première nuit était réservée au camp de Twee Rivierein, 120 kilomètres de piste plus loin. Le safari pouvait commencer!La piste de sable blond suivait le lit asséché de la rivière Auob. Ici, les rivières ne sont en eau que quelques fois par siècle. Nous étions en plein désert, sec et aride, sur une piste bordée d’acacias souvent morts ou mal en point. Chaque autruche, oryx ou springbok était une occasion de s’arrêter prendre des photos. On était à l’affût de toutes les espèces, et surtout du fameux lion du Kalahari à crinière noire. Ils ne se sont pas montrés, mais nous avons aperçu un guépard au loin. S’il était trop loin pour prendre de bons clichés, admirer son élégance et sa peau tachetée a pu se faire aux jumelles. Il était magnifique dans le soleil. Eff était ravi quand même, c’était son premier guépard car on n’en avait vu aucun pendant le voyage de noces 4 ans auparavant.

Entre les arrêts photo chacal, oryx, gnous, red hartebeest, kudus, eland, mangouste et notre vitesse de croisière oscillant entre 30 et 40 kilomètres heure, il nous a fallu 6 heures 30 pour rallier Twee Rivierein au lieu des 3 heures 30 annoncés par le parc. Nous sommes arrivés à temps pour faire toutes les formalités administratives: check-in dans le camp, et passage de frontière du Botswana. Ça a été encore un moment délicat quand l’agent d’immigration a demandé à Eff pourquoi son tampon de sortie de Namibie était par dessus celui d’entrée. On ne savait pas. Décidément, les tampons en Namibie auront été du grand n’importe quoi.

Tip: Twee Rivierein est le seul endroit du parc où l’on peut gérer les formalités d’entrée au Botswana. Stop incontournable quand on entre dans le KTP à partir de Namibie ou d’Afrique du Sud, et que l’on souhaite passer au Botswana après.

Il était 16h et temps de ressortir faire un tour car les prédateurs sortent davantage en fin de journée. Nous avons étudié le sighting board, la carte où les visiteurs indiquent les rencontres du jour, et nous sommes dirigés vers le trou d’eau de Rooiputs. Il y avait déjà quelques voitures de garées, il devait y avoir du gros. Et effectivement, à 50m de la piste, deux guépards dévoraient avidement l’autruche qu’ils venaient de chasser. Dans le soleil couchant, la gueule rougie par le sang, ils étaient magnifiques. Nous sommes restés les observer un long moment, manger, se lever, se coucher, puis retourner à leur repas. On aurait pu y rester encore plus, mais l’heure tournait et nous devions être de retour au camp avant la fermeture des grilles à 18h30. Nous nous sommes quand même arrêtés pour voir un honey badger, espèce qu’on voyait aussi pour la première fois. Notre première journée était plutôt réussie ! Nous avons réalisé également que l’expérience allait être très différente de celle au Kruger. Au Kgalagadi, il y a moins d’espèces, pas ou peu de girafes et pas d’éléphants par exemple, la taille des groupes est beaucoup plus restreinte, mais on avait troqué la quantité pour une expérience plus unique, confidentielle et sauvage. Moins d’animaux signifie aussi moins de monde. Là où on avait 5 voitures à coté de nous pour la scène des guépards, on en aurait eu 30 au Kruger, créant des embouteillages monstrueux.Nos trois nuits restantes étaient réservées dans la camp de Nossob, au cœur du parc, et situé 160 kilomètres au nord de Twee Riverein. Nous sommes sortis tôt, à l’ouverture des grilles, pour en profiter un maximum. Nous sommes repassés par Rooiputs vérifier si les guépards étaient toujours dans le coin. Ils n’étaient plus là, mais avaient été remplacés par un joli chacal qui se délectait des restes de la carcasse d’autruche. Il était tout excité, mordant à pleines dents dedans, et se roulant dessus comme s’il jouait avec. Le reste de la matinée et la route jusqu’à Nossob ont été assez calme côté safari, et plutôt orientées oiseaux. Les divers points d’eau sur le trajet étaient soit vides soit occupés par quelques oryx ou springboks. Ces points d’eau, à notre grande surprise, étaient gérés par le parc, par mesure de préservation de leur faune. Ça a du sens au vu des conditions climatiques de la région, mais ça reste étrange de voir un tuyau au bord du trou d’eau. Nous sommes arrivés à Nossob vers 13h et devions récupérer les clés de notre chalet une heure après. Nous sommes donc aller manger nos sandwiches dans l’affût du camp d’où l’on peut observer les animaux qui viennent s’abreuver à un trou d’eau. On n’a pas vu grand chose et sommes donc allé nous installer. Ayant réservé au dernier moment, les disponibilités étaient limitées et nous avons dû alterner entre chalet et camping. Au final, le camp était loin d’être plein, il y a du progrès à faire côté SanParks sur le gestion de leurs réservations… D’un autre côté, dormir dans un vrai lit et avoir une salle de bain à soi, ça fait du bien de temps en temps. Nous avons fait une bonne pause, et sommes repartis vers 15h30, direction les trous d’eau vers le sud, proches du parc pour ne pas faire trop de route. En chemin, il y avait quelques voitures garées le long de la piste. Nous nous sommes arrêtés pour voir ce qu’il se passait. Au loin, il y avait deux guépards. J’ai pris les jumelles pour les voir, et là, action… L’un d’eux s’est mis au ras du sol dans les buissons, j’ai pensé qu’il allait chasser un kudu pas loin, mais non, je l’ai vu ressortir à toute vitesse, chassant un petit springbok qui courrait pour sa vie. Il y avait de la poussière, de l’action, une chasse, mais malheureusement ou heureusement le springbok s’est échappé. Le guépard, rejoint par son pote, s’est écroulé à l’ombre d’un arbre pour se remettre de sa course. Les guépards courrent vite mais n’ont aucune endurance. Quelqu’un nous a expliqué également qu’ils devaient être épuisés et affamés car il les avaient vus chasser toute la matinée sans succès. Nous avons attendu un peu, il ne se passait pas grand chose et comme ils étaient trop loin pour faire de belles photos, nous avons décidé de tenter notre chance plus loin. Erreur!! L’un des guépards s’est levé et est venu traverser la route devant les voitures, pile là où on était garé avant. On a réussi à bien voir le deuxième. C’est la dure loi du safari, il faut avoir de la chance et prendre les bonnes décisions sur les stratégies à adopter, être patient ou faire de la route. Nous sommes ensuite rentrés au camp. Les lions manquaient toujours à l’appel, on croisait les doigts pour le lendemain.Nous étions quasiment les premiers à récupérer notre permis le matin. Ce permis, il faut le laisser à chaque fois qu’on entre dans le camp, et le reprendre quand on sort, et indiquant son itinéraire. On a découvert en cours de séjour que c’est pour des raisons de sécurité. Des gens ont été perdus, ils avaient quitté Nossob le matin et devait s’enregistrer à Twee Riverein le soir, mais ne sont jamais arrivés, et on ne sait pas s’ils ont été retrouvés. Ça reste rassurant de savoir que des secours peuvent être envoyés s’il arrive quelque chose. On aurait bien voulu avoir ça au Lake Frome!

Nous sommes partis vers le nord, s’arrêtant aux points d’eau de Cubitje Quap et Kwang. La piste était bordée de buissons épineux, rendant notre quête plus difficile encore. C’est plus facile de voir quelque chose dans un large lit de rivière asséché qu’entre des buissons drus, surtout en roulant. Les points d’eau étaient calmes, nous y sommes restés 10 à 15 minutes à chacun, et avons continué notre chemin. Deux voitures étaient stationnées sur la piste. Sur le côté, à moins de 2 mètres, un lion était allongé, crinière au vent, et visage tourné vers le soleil levant. Enfin!! Il était beau et majestueux, sa crinière noire et épaisse contrastant avec son pelage ras et blond. On a éteint le moteur, et on s’est posé pour l’observer. L’une des voitures est partie, on a pu se repositionner juste à coté de lui. Il est resté la pendant 2 heures à attendre et à miauler comme un gros chat qu’il était. On ne sait pas s’il appelait ses potes, s’il avait faim, s’il s’ennuyait ou s’il avait mal quelque part, toujours est-il qu’il avait l’air malheureux. J’avais envie de caresser cette grosse peluche, et de lui faire des câlins, jusqu’à ce qu’il rugisse véritablement, à 2 mètres de nos fenêtres ouvertes. Ça m’a coupé l’envie de câlins et nous a fait remonter les vitres à mi-hauteur pour parer à toute éventualité. Quelques voitures se sont arrêtées, l’une ou l’autre sont passées, il a dû en avoir assez d’être dérangé et s’est levé. Il est parti dans la plaine. Nous l’avons un peu suivi du regard, et sommes rentrés au camp, hyper excités par cette rencontre magique et par les super portraits qu’on avait pu faire.Le safari de l’après-midi a été orienté lion également. On nous avait dit que quatre lionnes avaient été vues juste avant à Rooikop, le point d’eau le plus proche du camp, et qu’elles étaient encore là, proches de leurs proie chassée le matin même. Elles étaient bien cachées dans les buissons, il était impossible de les voir. Nous avons décidé de jouer la stratégie patience, espérant qu’elles reviennent boire au point d’eau. On ne savait pas vraiment où il fallait regarder, mais quelqu’un qui avait assisté à la scène de chasse le matin (non, on n’est pas jaloux du tout…) nous a indiqué leur position exacte. Nous avons donc patienté, les yeux rivés aux jumelles. L’une d’entre elles s’est levée, et a marché un peu dans la direction opposée pour s’avachir a nouveau dans les buissons. Pas de point d’eau, mais au moins on avait la confirmation qu’elles étaient bien là. On a passé la fin de l’après-midi à les voir sortir la tête de manière épisodique, bouger un peu, mais à 18h15, il a fallu se rendre à l’évidence qu’elles n’avaient plus soif. La stratégie patience n’avait pas été si fructueuse que ça. Ça fait aussi partie du jeu et de l’excitation. Et au moins on avait passé 2 heures avec un mâle super proche le matin. On était ravi de notre journée.

Nous y sommes retournés le matin suivant, mais toujours pas de lionnes au point d’eau. On avait été assez patients la veille donc nous sommes vite repartis. Le soleil se levait en une énorme boule rouge flamboyant dans la ciel au-dessus de la plaine. La vue était magique. Une hyène brune, une espèce à longs poils brun foncé qu’on n’avait encore jamais vue, buvait au trou d’eau de Maries. Elle a ensuite traversé devant nous, et est partie dans les buissons. Elle avait du sang sur l’encolure, et devait sûrement avoir été blessée durant sa chasse nocturne. Nous avons fait une boucle pour revenir à Rooikop mais nos lionnes étaient en mouvement comme l’attestaient les quelques véhicules stationnés le long de la piste. Il y en avait deux qui marchaient tranquillement dans les buissons. Nous avons fait demi-tour et les avons suivies à distance pendant un moment puis elles se sont éloignées dans les dunes. Nous avons donc repris notre route. Le reste de notre journée a été remplie de rencontres d’oryx, de springboks, d’autruches, de red hartebeest, de kudus et de gnous. Nous nous sommes aussi régalés avec les oiseaux : des crimson-breasted shrikes au plastron rouge éclatant et un aigle bateleur qui se rafraîchissait dans un point d’eau. On était content d’avoir acheté le livre sur les oiseaux pour avoir les noms. Ça rend l’expérience plus intéressante. On avait pris uniquement celui sur les mammifères et on en était vraiment satisfaits. Ça permet de bien identifier les diverses espèces et on peut aussi s’essayer à l’identification des traces et des excréments. On pensait que ça suffirait, mais finalement c’est plus sympa de donner un nom aux oiseaux, plutôt que de dire “le beau bleu” ou “le petit rouge”.C’était notre dernière nuit dans la Kgalagadi sud-africain. Le lendemain, nous avons pris la route vers le nord direction la porte de Kaa, côté Botswana.

 


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Toujours d’excellentes photos qui nous font vite rêver et nous pouvons ainsi partager votre bonheur.

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Super votre article et magnifiques photos 😘
merciiiii pour ce partage !

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