Quand nous nous sommes décidés à mettre l’Australie sur notre itinéraire, nous avions deux objectifs: passer du temps avec nos amis à Melbourne, et faire un roadtrip camping dans l’outback comme on les aime dans un endroit que nous n’avions pas encore exploré. Notre première idée était de faire la route entre Broome et Darwin, en passant par la Gibbs River Road, dans le nord du pays. Mais après quelques recherches, cette destination s’est avérée relativement chère (surtout après avoir fait le point sur nos dépenses en Polynésie…), d’une part parce que c’était la haute saison, et d’autre part à cause des vols intérieurs un peu hors de prix. Nous nous sommes rabattus sur les Flinders Ranges en Australie du Sud. Elles étaient sur notre liste il y a 10 ans, ça tombait bien, et c’était la meilleure saison pour les découvrir car les températures sont plus clémentes en hiver qu’en été. Le hic me direz-vous? Les températures hivernales… Si elles sont plus agréables en journée, elles peuvent être très froides la nuit, voire négatives. Pas grave, on s’est équipé de bons sacs de couchage, et on est parti pour 12 jours d’aventures.


En route vers les Flinders Ranges

Nous avons récupéré notre véhicule, un 4×4 avec tente sur le toit, super facile à mettre en place, et avec un bon équipement pour la cuisine. Nous sommes allés faire des courses, et avons tout bien organisé dans la voiture. Quand on vit dans un petit espace, une bonne organisation est la clé d’un séjour bien réussi. Et même une bordélique comme moi s’en rend compte! Pour le coup, je gère plutôt bien depuis le début du voyage, et suis assez fière de moi! Je crois que je bluffe un peu Eff aussi même s’il ne l’avoue pas vraiment.

Nous nous sommes mis en route pour un premier stop au lac Bumbunga, un lac salé asséché qui prend une teinte rose incroyable. Enfin ça c’était sur les photos sur internet… Quand nous sommes arrivés, le soleil était déjà très bas, le lac était plein d’eau, donc le rose n’était pas au rendez-vous. A priori, il vaut bien mieux venir l’été. On le saura pour la prochaine fois.

Notre camping pour la nuit s’est avéré être un espace à coté de la route. Ce n’était pas pire qu’au Japon, mais ce n’était pas encore non plus notre campement idéal. On a quand même passé une soirée relativement agréable et nous sommes montés nous coucher. Les matelas étaient super confortables, la tente spacieuse, on était plutôt pas mal. On avait mis la protection pluie au cas où, comme on nous l’avait recommandé. Sauf que… En plein milieu de la nuit, un vent très fort s’est levé, faisant claquer le double toit. Ça n’a pas manqué, ça a surtout fait sauter les attaches, et il a fallu se lever en catastrophe pour enlever tout ça. Ce qui voulait dire, sortir toutes les affaires, fermer la tente, et enlever le double toit. A 1h30 du mat, ça ne fait pas trop marrer…. On a réouvert la tente sans la protection, et sommes retourné dormir. Enfin pas pour longtemps, car c’est la pluie qui s’est mise à tomber. Forcement, sans protection, ce qui devait arriver arriva… Nous avons pris l’eau et avons dû une nouvelle fois sortir les affaires et refermer la tente, pour aller finir notre nuit dans la voiture. Les aventures commençaient bien…. L’avantage c’est qu’on a décollé de bonne heure.

Nous voulions nous arrêter dans la Clare Valley en montant vers les Flinders Ranges, mais vu le temps maussade, nous avons décidé de filer directement vers le nord, et de garder la route des vins pour la fin. Nous avons fait un stop à Wirrabara, où Sam Bates aka Smugone, un artiste de street art, a peint une œuvre sur un silo. En ville on a le street art, à la campagne c’est le silo art, et c’est aussi impressionnant. Les couleurs et le thème font honneur à l’outback. On a adoré, même si on l’a découvert sous un ciel couvert.

Tips: Le silo art devient populaire en Australie. Il y en a tellement dans le Victoria que c’est devenu un circuit touristique à part entière. A garder en tête pour une prochaine visite !

Les paysages commençaient déjà à changer, et les couleurs rouge et verte de l’outback à apparaître. Les habitations se faisaient de plus en plus rares, et les villages traversés ressemblaient plus à des décors de western qu’à des villes civilisées. C’est exactement ce qu’on voulait! Notre excitation grandissait à chaque kilomètre. Nous avons fait un bref stop à Quorn, dont la seule particularité est d’avoir un peu de réseau et la plus grosse supérette de la région, et avons continué notre chemin, admirant les paysages, s’arrêtant voir les maisons en ruine d’anciennes fermes, et prenant la mesure de l’immensité des domaines d’élevages. C’est difficile à traduire en français. En Australie ils appellent leurs domaines des “cattle stations”, mais ça n’a rien de comparable avec ce qu’on connait en Europe. Ici les fermes d’élevages s’étendent sur des surfaces qui peuvent atteindre la taille d’Israël, avec des troupeaux qui se comptent en dizaine de milliers de bêtes, essentiellement des moutons ou des vaches. On est de loin de l’élevage intensif! Il faut donc rester vigilant sur la route car on peut rencontrer des bêtes  à tout moment. Ceci étant dit, les nombreux cadavres qui jonchaient les bords de route étaient plus souvent ceux de kangourous que d’animaux d’élevage…


Ikara-Flinders National Park

Nous sommes arrivés à Wilpena Pound, dans le parc national de Ikara-Flinders Ranges vers 16h, à temps pour réserver les 4 nuits suivantes, s’installer, et profiter de la soirée sous les arbres, avec un verre de vin et une bonne grillade cuite au barbecue. Cerise sur le gâteau, une maman kangourou et son petit sont venus gambader pas loin de nous. Yessss!!! On avait enfin retrouvé nos sensations et nos conditions de camping préférées. Le réveil a été un peu plus difficile… Il a fait froid la nuit. Tellement froid que la condensation à l’intérieur de la tente avait gelé. Et de mon côté, il fallait que je trouve un moyen de mieux gérer les températures nocturnes, car j’avais été frigorifiée toute la nuit. Heureusement le soleil et la chaleur sont arrivés assez vite, et nous nous sommes mis en route pour notre première randonnée, un circuit de 3 heures pour monter sur un point de vue sur le Wilpena Pound. C’était une belle ballade, relativement facile, au milieu des blue gums trees, une espèce d’eucalyptus, des roches ocres, et sous un ciel bien bleu.Une ancienne maison conservée en mini musée nous a fait réfléchir sur la condition difficile des premiers colons dans la région. Ils ont souffert dans ce coin aride, loin de tout, où la nature ne s’est jamais laissée dompter. Des familles entières ont tenté l’aventure, créant leurs fermes de toutes pièces, et se heurtant aux sécheresses dévastatrices, suivies de pluie torrentielles. Eh oui, même fin du 19ème début du 20ème, les conditions climatiques pouvaient être extrêmes. Les énormes troupeaux encouragés par la taille des domaines a également causé la ruine des propriétaires terriens. Trop de bêtes, pas assez de nourriture ni d’eau en saison sèche, les troupeaux ont été décimés. De nos jours, ce phénomène est suivi de près. Les stations sont équipées de capteurs pour mesurer l’évolution de la végétation, et s’assurer de la viabilité des élevages. Quand la situation devient critique, les éleveurs doivent “déstocker”, le bétail étant appelé stock en anglais.

Nous sommes arrivés en haut, avec une vue imprenable sur le Wilpena Pound, un véritable amphithéâtre naturel de montagnes. Magnifique, immense, fascinant, cet endroit est la représentation parfaite de l’outback australien. La seule expérience que nous n’avions pas encore re-vécue était la conduite sur les pistes, ça a donc été notre programme de l’après midi. La route scénique porte bien son nom: de la piste à perte de vue, des paysages à couper le souffle, et des points de vus inégalables. Eff a jeté son dévolu sur le “Razorback lookout”, qui offre une telle vue sur la chaîne de montagnes qu’on s’y est arrêté en plein après-midi, en fin de journée pour les couleurs chatoyantes du coucher de soleil, et qu’on y est même retourné pour le lever du soleil. J’avoue que j’ai un peu fait une overdose du Razorback… Mais le bonheur de croiser des dizaines de kangourous et des émeus sur le trajet a largement récompensé ma patience ! Être à l’affût, s’exciter quand on voit des kangourous, essayer de faire la photo parfaite, s’émerveiller de les voir bondir pour s’éloigner, et s’amuser de leur curiosité incessante, il en faut peu pour être heureux. On aurait pu faire ça pendant des heures, et d’ailleurs c’est ce qu’on a fait… On ne s’en lasse pas.Nous avons repassé une petite soirée tranquille dans le camp, et passé une super nuit. Elle a été froide, voire plus que la précédente, mais on n’était bien mieux préparé, donc on n’a (presque) rien senti. Le plus dur c’est de se sortir du sac de couchage aux premières lueurs du jour pour faire des photos du lever de soleil. Enfin surtout pour moi… C’est un peu le piège quand on a une tente sur le toit, on est obligé de suivre le mouvement.

Notre départ a été un peu retardé car Eff a fait du sauvetage. Quelle n’a pas été notre surprise de voire un kangourou dans l’espace barbecue, qui machait tranquillement du papier absorbant directement au distributeur… C’était une femelle, avec un petit qui sortait sa tête de la poche de temps en temps. Eff a réussi à lui couper le papier de la bouche, et à le rendre inaccessible, tout ça sans trop se faire voir, et en évitant les coups de poing potentiels. Elle avait l’air déçue, et a tenté de retrouver son repas au fond du distributeur, debout sur la pointe des pattes, mais sans succès. Elle est donc repartie en bondissant tristement. Mais c’était pour son bien. Du papier plein de produits chimiques ça ne doit pas être très bon pour sa santé… Après cette épisode héroïque, il était temps de filer pour admirer le lever du soleil. On n’a pas vu grand chose car les nuages se sont invités à la fête, mais on en a profité pour se faire un safari kangourou matinal. Canon!

Le programme de notre deuxième jour a été similaire: conduite sur les pistes, arrêts photo aux points de vue, et petite rando. Nous avons jeté notre dévolu sur Bunyeroo Gorge, une ballade orientée géologie, très bien faite avec plein d’explications sur le chemin. Pour ceux qui s’intéresse à la géologie et à la formation des continents, cette région est une vraie mine d’or. De nombreux scientifiques y viennent encore pour étudier les diverses strates et formations. Pour nous, c’était juste une jolie ballade, avec de belles couleurs, dans une gorge asséché bordé d’eucalyptus. Nous avons ensuite rejoint notre camp pour la nuit, un petit campement de quatre emplacements, avec juste des toilettes communes et un foyer chacun pour se faire un petit feu de camp. Bien installés au milieu de la nature, près du feu, en buvant un verre de vin, on a regardé les étoiles s’allumer. On était bien, il était 20h, donc temps d’aller se coucher. C’est ça aussi les vacances dans l’outback, on vit avec le soleil, et quand il est couché à 18h, ben deux heures après on a l’impression d’avoir veillé jusqu’à minuit. Ça ou alors on devient vieux…Pour notre troisième journée dans le parc, nous avons débuté par une ballade culturelle à Sacred Canyon, où l’on peut voir des pétroglyphes aborigènes. Le peuple Adnyamathanha aurait gravé ces symboles il y a plus de 40 000 ans. Il en reste peu aujourd’hui, mais certains symboles sont encore clairement visibles. Pour être honnête, ça ne vaut pas Lascaux, mais l’accès se fait par une gorge magnifique aux formations rocheuses remarquables. Nous avons ensuite fait une rando de 4 heures. A défaut de trouver le chemin pour le Red Hill lookout, on a fait la boucle de Yuluna, encore avec de super paysages et des couleurs magnifiques. Nous nous sommes ensuite installés dans notre nouveau camp, où nous nous sommes posés pour le reste de la journée. Au programme, sieste, lecture, safari kangourou à pieds, apéro et dîner autour du feu de camp, et admiration du ciel étoilé. Dans cet environnement sans aucune pollution lumineuse, la vision est féerique… Des milliers d’étoiles s’illuminent, la voie lactée se détache nettement, et les planètes brillent avec intensité. C’est mieux qu’au planétarium. On aurait pu y passer la nuit, on y est resté jusqu’à 20h30 au moins. Belle perf!Nous avons profité d’un dernier lever de soleil dans ce parc, et nuos somes dirigés vers la sortie, direction Arcaroola Wilderness Sanctuary. Ikara-Flinders a été bien au dessus de nos espérances. Sauvage, magnifique, et visité uniquement par quelques locaux intrépides, il a été une excellente alternative à notre idée initiale. Et ce n’était que le début des surprises de la région.

 


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Vos récits nous font rêver et voyager! Profitez bien! Barbara et Seb

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Ne vous inquiétez pas, on en profite au max!! Big bises

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C’est toujours extra, je me régale.

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Content que nos récits de voyage continue à te passionner. Gros bisous.

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